Petit destin
Je reste indifférent à mon destin.
Je suis assis comme une bûche auprès du feu.
Je respire avec peine
et songe à ne pas trop songer.
Vous m’amputez d’un bras ?
Ce n’est pas grave : il était inutile.
Vous me privez de l’esprit et de l’âme ?
Tant mieux : ils n’avaient plus d’emploi.
Je lis dans le journal
que l’univers est bien portant :
ces erreurs, ces mensonges
me réconfortent.
La clinique refuse de m’admettre :
très bien, je dormirai sur le trottoir.
Les voisins me demandent,
une dernière fois, de polir quelques mots :
les uns sont authentiques
et les autres pipés.
Mon destin traîne
comme un bandage autour de mon thorax.