Poème charnel
Je n’ai pas pu convaincre mon poème
de rester sage.
Après ses rendez-vous avec l’azur,
l’équateur, la comète
et les idées spéculatives,
il a besoin, ces temps-ci, de chair fraîche :
jetez-lui, voulez-vous,
votre lèvre tremblante,
vos clavicules qui se creusent,
vos seins qui se transforment
en pommes tropicales,
et la tache de sang
qui s’agrandit sous vos genoux.
Il fait un bon travail
et il n’est pas libidineux :
grâce à vous, mon poème
devient une œuvre d’art,
avec un corps et plusieurs peaux.