Pour tennessee williams
Quand
Tennessee
Williams disait au sycomore :
«
Si je chasse un démon, c’est un ange qui fuit »,
savait-il qu’au matin, sous la brume incolore,
agenouillé devant un platane, je suis
depuis plus de vingt ans dans la même détresse :
je préfère le mal aux accès de l’espoir,
et le bien m’affaiblit ?
Sur la branche maîtresse
de l’arbre paternel, je nourris l’oiseau noir,
le corbeau, le vautour, tout ce qui m’épouvante
et me pousse pourtant à mieux lui résister;
pour l’orchidée la pourriture est toujours lente,
et mon poème veut que je sois détesté.
Ô racine, ô rameau, vous savez que personne
ne me déteste autant que moi, mon seul bourreau !
Que
Tennessee
Williams de là-bas me pardonne :
mes tourments, il le sait, ne sont pas cérébraux.