Pour un visiteur
Voulez-vous prendre place
dans ce fauteuil où je rumine mes complots ?
Ce whisky vous convient ?
Il est aussi âgé que vous.
Racontez-moi tout ce qui passe par votre âme.
Pourquoi êtes-vous né ?
Vos parents étaient-ils plus simples que l’avoine ;
vos études sans goût, saupoudrées de latin ?
N’ayez pas peur : je suis sans préjugés.
L’usine était sordide
et vous avez jeté quelques cailloux
contre un car de police,
pour accuser l’azur et le printemps ?
Un jour, comme on prend froid,
par lassitude vous avez pris femme ?
Le fils aussi est un voyou,
qui traîne dans la rue au milieu des tziganes ?
Dans vos propos vulgaires,
j’ai noté cette phrase :
«
Mon horizon a eu son infarctus. »
Reprenez du whisky.
J’ai préparé pour vous un pardessus,
quatre vestons et ces jodhpurs :
il suffira de les raccommoder.
Vous existez à peine ?
C’est la raison pourquoi je vous envie.