Printemps
C’est la fin de l’hiver.
Les poèmes fleurissent
et leurs bourgeons sont lourds.
Mon cœur devient plus simple, et je lui rends service
en parlant de l’amour
comme s’il existait encore.
Une rivière
reprend son air banal.
Je me confie à la colline familière
et je dis au cheval
qu’il trouvera dans ma chanson une herbe fraîche
où l’on peut galoper.
Chaque phrase ressemble au jardin que je bêche.
Il faut participer
à la belle saison, en se forçant à peine :
cette page y concourt par son bonheur et sa musique souveraine,
que je veux sans détour.
Je demeure un moment à ma propre surface
comme un azur posé sur le chaume du toit.
Un mot très cher m’embrasse
et me croit apaisé.
Mon corps est anonyme, et mon âme ordinaire,
en ce début d’avril ; n’en souffre pas, poème ! et remercie la terre
pour son cadeau subtil.