Promesse de l’irréel
J’ai ma tristesse dans ma chair et ma joie dans les livres.
Celui-ci s’est ouvert
pour que j’y trouve un droit de vivre
plus acceptable que mon dû.
Je me nourris de fables
et de malentendus.
Je ne sais pas si mes semblables
comprennent que mon seul bonheur
est dans l’imaginaire.
Mon esprit, qui a peur, se sentira toujours prospère
dans la pénombre et l’inconnu,
où soudain s’organise
un monde revenu de la raison, de ses hantises,
de ses fracas.
J’ai mes tourments en marge de mon être : dans mon verbe qui ment,
il m’est loisible de renaître
car je m’abstiens de décider
si je meurs ou végète.
Ni vif ni décédé, découvrirais-je un exégète ?
Selon l’humeur de l’écriture, dans mon corps tout est faux, et mon poème dure
comme le pas du girafeau,
le soleil qui verdit, le gel
qui brise la logique.
J’entends dans l’irréel une promesse de musique.