Répétition générale
Ayant appris l’amour
avec le grec et le latin,
à dix-huit ans je me suis dit :
«
Pour devenir adulte,
accepte l’idée de ta mort. »
J’ai donc organisé mes funérailles
avec beaucoup d’entrain.
Mon père m’a compris.
Quant à ma mère,
elle a versé un grand nombre de larmes.
Mes petites amies m’ont apporté des fleurs :
l’une était triste ;
l’autre pensait : «
Bon débarras. »
Mes professeurs ont accusé
mon esprit biscornu.
Mes camarades
ont applaudi :
les bourgeois méritaient cette farce lugubre.
Grâce à elle, je crois, j’ai vécu plus lucide,
pendant un demi-siècle.
Mais aujourd’hui,
ce spectacle parfois me terrorise.