Rien ne m’est cher
Rien ne me plaît.
Rien ne m’amuse.
Tous les platanes sont couchés.
Rien n’est intact.
Rien n’est indemne.
Les arcs-en-ciel se décolorent.
Je ne veux rien savoir : j’ai trop appris.
Le temps perd ses derniers quarts d’heure.
L’espace perd ses horizons.
Je dévisage mes étoiles
pour qu’elles tombent
comme des fruits empoisonnés.
Je ne veux plus caresser mes chevaux.
Plate est l’angoisse :
on dirait un potage à la fin d’un repas.
Tous mes poèmes dorment
dans le tiroir aux mille-pattes.
Ma vie est un ballon
entre les mains de mes enfants dégénérés.
Rien ne m’est cher.
Rien ne m’émeut.