Rue de la gorge chaude
Rue de l’Exil et de l’Extase.
Rue des
Genoux
Trop
Ecartés.
Rue des
Dieux qui se
Pendent.
Rue des
Oiseaux
Moqueurs.
Rue du
Livre
Puceau.
Impasse des
Licornes
car on en voit encore au crépuscule,
l’hiver, quand les passants deviennent rares.
Impasse de la
Vie qui est déjà la mort.
Avenue des
Infantes trop
Faibles
pour monter sur un trône.
Avenue du
Matin
qui n’ose jamais se lever.
Avenue de la
Lune :
celle qui boit son lait
entre les mains des enfants parricides.
Faubourg du
Baobab :
les corbeaux y apportent leurs charognes.
Faubourg de l’Origine
où tout ce qui finit sans cesse recommence.
Faubourg de l’Equateur,
pour ses calmes sonates.
Faubourg des
Voluptés
où chaque promeneur laisse sa peau,
son âme et sa mémoire.
—
Dis-nous, poète, quelle est cette ville
que toi seul peux nommer ?
Ne nous dis rien : ajoute-lui, à chaque page,
une maison, un square, une fontaine,
et réinvente-la.