Sous la peau
J’ai congédié
le lilas blanc, l’oasis, la colline,
la rivière qui coule et qui ne coule plus,
et j’ai fait mes adieux
à l’aurore, aux poissons,
aux objets que l’on peut quelquefois caresser,
pour m’enfermer en moi.
J’ai découvert ma plèvre,
mon pancréas, mes poumons gris,
mes intestins gluants,
et tout ce qui dans mes ténèbres
ressemble à la guerre civile :
glandes, caillots, muscles trop gras.
Je n’ai pas réussi à vivre sous ma peau :
quand je me suis vomi,
j’ai retrouvé, confus,
le cheval, l’horizon, le fleuve,
le printemps, le village,
faute de mieux.