Sur les tréteaux
Je ne joue plus la comédie que devant moi.
Tantôt en mousquetaire,
tantôt en arlequin,
geste trop large ou voix cassée,
je me salue sur les tréteaux :
«
Bonjour,
Monsieur
Nous-même,
je nous adore tous les deux ;
aux provinces du
Verbe,
nous avons partagé tous les bonheurs. »
Je ne joue plus la tragédie que devant moi.
Tantôt
Hamlet, tantôt
Falstaff,
épaule rauque et doigts couverts de sang,
je me maudis sur les tréteaux :
«
Eloignez-vous,
Monsieur
Nous-même ;
l’un de nous deux devra périr,
ô pauvre double, ô cher épouvantail ! »