Un film
Maintenant que ma vie touche à son terme,
un réalisateur veut en tirer un film
de quelque cent minutes ;
accepterais-je d’y tenir mon rôle :
il conviendrait d’accentuer les tics nerveux
et de souffrir de manière esthétique ?
Je ne dois plus écrire mes poèmes
sur mes genoux, le dos courbé.
En revanche, le front se plisse
et la plume griffonne
un grand paraphe dans l’azur,
tandis que la narine se dilate
et que mille miroirs me font justice.
Mais je proteste :
pas de profil, pas de grimace avantageuse !
Quant à mes livres,
dont la fidélité me paraît contestable,
il vaudrait mieux qu’un autre poète les