Un mort heureux
Je n’ai pas disparu
car il suffit de se pencher sur la rivière :
ce sont mes mots qu’elle chuchote
avec douceur, les nuits de pleine lune.
Je suis tout près :
regardez le platane,
qui prend mes vieilles attitudes,
celle de la rancœur et celle de l’espoir.
Et même le nuage me ressemble,
je vous assure,
avec cette manière de bouder,
puis soudain d’éclater de rire.
Je suis un mort heureux, n’en doutez pas :
j’habite votre pain,
votre doute léger,
le tremblement qui accompagne
vos journées trop remplies.
Je suis une fourmi, une virgule,
un verre d’eau pour vous servir.
Me ferez-vous l’honneur de me croire, à présent
que je suis décédé ?