Un produit de beauté
Ma petite personne a si peu d’importance…
Juillet devient adulte.
Ma coccinelle bien-aimée fait le voyage
de la glycine au tournesol.
L’azur n’est pas méchant : on peut le caresser.
Le soleil dort au milieu des framboises.
Tous les journaux sont vieux d’un demi-siècle.
On peut s’aventurer jusqu’aux deux horizons :
celui qui se prélasse
dans la prairie,
et l’autre, plus timide ; on le porte dans l’âme.
Le divan rouge expie ses erreurs de jeunesse.
Le cheval dans la cour parle aux mouches.
Une femme très nue
est arrivée par le jardin,
les mains tremblantes.
Plus tard, quelques soldats sont morts dans le salon.
Ma mémoire est pesante : une vaisselle
qui ne sert plus, tant on a peur de la briser.
Les voisins disent qu’à l’automne les comètes
augmenteront de prix.
Je n’ose croire que le fleuve
ait le dessein d’engloutir le village.
La fille de ma fille aura vingt ans demain.
Elle me dit :
«
Le poème n’est rien qu’un produit de beauté. »