Un vers
Je ne serai ni bourreau ni victime : plutôt le spectateur.
Un seul vers anonyme change la pierre en fleur.
Je ne distingue l’amour, la tendresse que pour mieux les tromper.
Un vieil objet me blesse : c’est un vers usurpé.
J’accepte le dégoût et le malaise car ils n’ont pas de poids.
J’écris un vers qui pèse le monde entier, je crois.
Je n’en déduirai rien : l’univers triche et je vaux comme lui un vers à rime riche, qui se pavane et luit.
La vanité n’est pas désagréable si on lui met du sel.
Mon vers, est-ce du sable versé sur l’irréel ?