Une semaine chargée
Tous les lundis je me révolte :
comment peut-on n’être qu’un homme
sous les comètes ?
Tous les mardis je m’interroge :
que puis-je faire
pour comprendre le fleuve,
pour éduquer le catalpa ?
Les mercredis je songe à l’équilibre
entre le doute et la raison,
la peur et la sérénité.
Tous les jeudis j’accuse mes semblables :
«
Vous n’êtes rien, pas même une herbe folle,
pas même une araignée. »
Les vendredis sont des jours de tristesse :
pourquoi porter ce corps
ou nettoyer cette âme ?
Les samedis sont les jours de l’absence :
je ne suis jamais né,
je ne suis plus personne ;
le néant me convient, ni chaud ni froid.
Et les dimanches,
dans mon grenier, devant les livres qui pourrissent,
honnête et pur, je vais me pendre.
N’y voyez pas de tragédie :
c’est le huitième jour qui compte,
dans ma semaine,
celui des fables,
celui des poésies.