Eric brogniet
Elle sort sous un ciel blanc
Pour ramasser, dit-elle
Des feuilles dans le jardin
On entend le vent traverser la forêt
Et son étoile y élut domicile
Elle parle dans la forêt
Elle passe avec ses lèvres
Dans les bois profonds
Et la forêt s’enflamme
Ce que nous perdons
Nous le gagnons
Ce que nous taisons
Parle pour nous
Cette blessure
Augmente notre sang
Je vous écris ceci du cœur même de l’orage
Dans un éclair de raison
Ô pressentie
Venant dans la forêt
L’ombre reculée
Peu à peu s’efface
Dans le bleu de la rivière
Mon amour, mon étoile
Mon feu de bois au bord de la rivière
Ma gratitude, ma pluie de printemps
Dans une nuit brisée
L’orage seul entendra mon fracas
Il ne saisit rien
Mais creuse ses décombres
À mesure qu’il se traverse
Celui qui écrit habite le monde
En nomade
Et ne saisissant rien
Il est saisi
Parole dite n’inscrit que perte
Mais le corps est léger
L’air, la lumière chutant À travers les arbres
Seule l’éclipsé verra
Leur rachat
II regarde l’immobile
Le ciel épars vers l’ouest
La distance où elle est
N’abolit pas la synchronicité
Il n’y a d’absence
Que de soi à l’autre
Comme une pureté
Une respiration bleue
Tout énoncé à l’aube
Précédé de ses scolies
Nous avons su que la beauté
N’était point imaginée
Elle qui vient, traverse
La parole suffoquée