Lumières sur l’eau éteinte
L’homme est entré en moi il y a vingt et un ans
A la porte ! ordonne ma nostalgie
Trouble-fête
Ton évidence était maléfique
Et chacune de tes hypostases un déni de justice
La trace de tes pas ne vaut pas le vent qui l’efface
Grandeur douce à la mort
Qu’un homme trahisse son espèce transfigure votre avenir
Et toi
Femme
Séparée du monde représenté par ta volonté de dépassement
Tu sépares l’homme de lui-même en projetant sur lui ta
lumière incréée
Douce à la mort
Tu lèves l’interdit qui pèse sur mon suicide
Chassée comme un chien
L’ombre de l’anti-soleil de l’amour
Est désertée par l’immanence des amants
Chassée comme un chien
La transcendance se réincarne et leur donne le mot de
passe
Aigle déployé sur le cratère vide de leur moi hanté par
l’amour comme la lune par l’éclipsé À la grande nuit comme à la grande nuit
Soucieuse comme personne
Mon amante cherche à perdre l’existence en moi pour
retrouver l’essence en elle
À la grande nuit comme à la grande nuit
Soucieuse comme personne au monde
Mon amante déporte le monde et fait que lentement il agonise
Par elle
Pour la première fois la promesse ontologique est tenue
L’être a abdiqué en faveur d’un absent
Lèvres écumantes — hystérique — le cynique est expulsé de la
Salle de jeu
De longue date exaspéré par les manques —
Je reste à l’extrémité de la longue table où (Souveraine dont l’abdication en faveur d’un absent
détermine l’orgasme)
Ma maîtresse amincie dans l’ascèse écarte les jambes
Toi — dont l’universel
Nada constitue l’empire —
Tu déséquilibres la balance de ma vie en te substituant à mon suicide
Comme à l’aube d’une fête romantique
Un visage adoré à son masque impassible
Le théâtre s’est vidé comme une éponge
Seules dans les coulisses quelques portes battent encore !
Tu peux crier, maintenant :
On a mis entre parenthèses l’idée que je me fais de la parole dernière