Message du sentiment
Nuit sans but
Vision à revers
Nuit qui lévite les sources
Je suis ton fils
Je suis ton désespoir
Je suis ta chute
Je suis ton grand lavoir
Ton sort est dans mes mains
Je prends ton gant de fer
Je frappe ton rocher
J’emploie ta clé liquide
Tu es ma grande aïeule
Tu es ma vanité
Glisse sur moi
Lâche-moi
Va-t’en heurter d’autres carreaux
Laisse-moi chasser tes bêtes
Je veux sourire à ma santé
Je veux saluer ma vérité
Je veux crier ma vie à fleur de terre
La vie est mon terrain
La vie est mon couvert
La vie est ma poignée
La vie devient mon soc
Braise sans bord
Je suis peuplé de rires peuplé de chocs
Ma peau est la frontière de l’effort
Ma route est innomée
Je suis son ciel crispé par sa mitraille
La nuit est dans ma main comme un cloporte
L’attente en moi s’accorde à la cascade
Clinquante de chaleur
La sueur comme un drapeau tendu par l’air
Je hisse mon paquet de destin
Tel un message lancé sur la terrasse
Je chuchote — cymbale instable
Les mots outrés de ma prochaine clarté
Raison empoisonnée
Ton théâtre me méduse
Mais ta tête est coupée
Tout se risque
Harcelé au centre épouvanté du ventre
La terre du torrent d’atomes
Opère sa trouée en plein ciel couvert
Agité par ses aras hurleurs
Sa blessure aiguë comme une scierie
Mon cœur insiste.
Ouvert, chassé d’un désert de tiédeur
J’aimante le brasier, je charge en moi la terre.
Je sors de mon carcan, mon sang est survolé.
Je hurle et j’extermine en moi tous les guerriers.
Mon corps est un combat.
Ma tête est envahie.
La mort est paradis si mon amour me supplicie. À vif et violenté — je cogne à la porte blindée.
Séismes du monde !
Choeurs et catastrophes !
Notre ombre sur la terre est le péril de l’épervier
ous sommes cellules infimes d’un monstre inexploré
Notre patience est d’un caillou sous le ventre du fracas
Notre force est dans l’éclat où nous perçons la rage à jour
Nul séjour n’est comblé
L’œil collé aux interstices
Nous cherchons les golfes de l’univers
Au lieu de surgir où nous sommes — ici
Au lieu de nous changer dans la turbine
Au lieu d’aimer notre racine
Au lieu de lier notte anxiété au tambour de terreau
Au four à pain de notre terre
— et de parler dedans
— et d’écouter dedans
Le battement impétueux des espaces
Au lieu d’éveiller les peuples dans l’ouvert