Palinodique adolescence
Enfant de la forge,
Partant en flèche dans les failles de l’informulé,
J’effraie les fils de la mollesse.
Ils dénient — tous —
Ma manie de renverser le signe de mon envolée.
Si je me voulais vivant vainqueur
De mes bouderies, de mes dénégations,
Je sacrifierais mon pacte,
Mais sacrifié, acculé à moi
Comme au dernier des box,
Ma main tapoterait quelques secondes le bord du monde
Et, tavelée, s’effriterait, ruine romaine.
Échappant à ma forge, je fais
Volte-face dans la fugitive influence du rien.
Surpris, j’entends mon alter ego,
Alors que d’impatientants obstacles
Limitent mon orbe à ma tête.
Je cloisonne l’illimité,
Calfeutre mes phrases, honteux
De voir briller — si tôt — mes nerfs lugubres.
Je convoque ma jeunesse et lui dis :
Comprends-moi.
Tu t’es acharnée
À gaspiller tes exigences.
Tu t’es niée.
Tu t’es expurgée de monumentales poutres,
Tu as déraciné des baobabs d’erreurs.
Vaincue, transfigurée, qu’es-tu,
Sinon fatiguée, méconnue ?
Toi qui voulais arracher des miaulements à la pierre,
Tu meurs, tu trébuches
Sur le seuil effilé du réel.
Comprends-moi.
Détends-toi.
Mes nuées actuelles te nient,
Eclipsent tes astéroïdes surannés.
Où me conduisais-tu, vide encore de projets ?
Tu piétinais, dans l’attente d’un non-lieu universel!
Et déjà,
Le tombereau du soleil cannibale grinçait dans tes jambes.