Clair de lune en rade
La nuit avait semé ses nuages limpides
Tout autour de la lune, astre rêveur et blanc,
Qui, du ciel bleu foncé sur l’onde au pâle flanc,
Semblait faire pleuvoir l’argent en jets fluides.
La voile, au long du mât, pendait pleine de rides
Tant la brise était molle et le flot somnolent.
Mes songes, balancés au gré du bateau lent,
Suivaient la vision des étoiles rapides.
En rade les vaisseaux dormaient, sans remuer ;
Et l’œil, comme en plein jour, voyait diminuer
Ceux dont la course allait tenter l’horizon vaste.
C’était la nuit montrant, riante, ses atours :
Et c’était, par la loi de l’éternel contraste,
Le plaintif Océan qui sanglote toujours.