La nuit
Tiède du souvenir des occidents vermeils,
La nuit sur les coteaux palpite immense et bonne.
Elle est comme la mer : un vent d’aile y frissonne ;
Leur couleur est semblable et leurs bruits sont pareils.
Le sein large et profond qui porte les soleils,
Où le flot incessant des univers rayonne,
Est indulgent et n’a d’embûches pour personne,
Et, mérités ou non, berce tous les sommeils.
Pourtant, Nuit, je te sais peu sûre & décevante ;
Ta vague illusion de spectre m’épouvante :
Si les matins allaient oublier le retour !
Certitude, ô raison, aurore coutumière !
Je sens que ma pensée est faite de lumière ;
Même les yeux fermés, j’ai le souci du jour.