Le clavecin

Albert Mérat
par Albert Mérat
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Les pieds branlants et lourds et le ventre fluet,
Moins utile qu’aimé, vieilli comme sa gloire,
Mais d’un attrait pareil à celui d’une histoire,
Le clavecin repose, immobile et muet.

L’œil avait des lueurs et le cœur remuait
A l’entendre. Égayant la grande glace noire,
Il montre avec orgueil quatre octaves d’ivoire
Qu’usa de son pas grave et lent le menuet.

Là dort ensevelie une musique exquise,
Ces vieux airs qu’on dansait en robe de marquise,
Aigrelets et vibrants comme un son de ducat ;

Et le soir, doucement si l’on ouvrait les portes,
Peut-être on entendrait un scherzo délicat
Sous les doigts effilés des châtelaines mortes.

Albert Mérat

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