Le lavoir
Une source descend de la roche brunie :
Les filles de Plomar viennent laver au bas
Aux coups vifs des battoirs se mêle le fracas
Que fait le flot, et c’est une forte harmonie.
Comme devant l’autel sur la dalle bénie,
A genoux sur le roc, les pieds nus et nu-bras,
Les filles aux yeux clairs ne vous regardent pas,
Et leur visage est pur comme la mer unie.
Bleuie en longs filets parmi les galets blancs,
La source fait un doux bruit de grelots tremblants
Que l’Océan bientôt étouffe sous sa lame ;
Et les femmes qui sont la grâce du tableau
Se penchent, laissant mordre au matin qui s’enflamme
Leurs beaux bras ruisselants de gouttelettes d’eau.