Le vieux portrait
Dans l’ovale du cadre où s’éteint la dorure,
Sous le verre, l’éclat d’un pastel ancien
S’amortit en des tons gris de perle. On voit bien
Qu’il est vieux, et le temps lui fait une parure.
C’est la mémoire encore, et ce fut la peinture
D’un homme jeune et fier et d’un royal maintien.
Le nom qu’eut ce vivant jadis, on n’en sait rien ;
Et l’artiste n’a pas laissé de signature.
Les vieux portraits, ce sont les morts tendres et doux
Qui nous aiment toujours et viennent parmi nous
Réveiller sur leur lèvre endormie un sourire.
Ils ont la gravité des choses d’autrefois…
C’est peut-être un aïeul, et je baisse la voix
De peur de le troubler et de le contredire.