Les coucous

Albert Mérat
par Albert Mérat
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Dans l’allée où l’on va souvent, près du théâtre,
Vous avez admiré la gravité folâtre
Des coucous du pays qu’on prendrait pour un jeu ;
Qui s’ouvrent à la fois, ou chantent peu à peu,
Et partent sans ensemble au beau milieu des heures.
Peut-être que l’on voit des horloges meilleures ;
Celles-là, d’un attrait simple, les valent bien.
Charmantes après tout, et puis faites de rien :
Du sapin que l’on taille au fond d’une cabane
En rêvant aux yeux bleus de quelque paysanne
Qui met un jupon rouge et tresse ses cheveux.
Ces tableaux de sapin sont tout ce que je veux :
Les chalets y sont faits comme les cathédrales ;
Partout, hôte constant des mêmes pastorales,
Un chamois paît le bout des herbes en bois blanc
Sur un rocher qui croit être très-ressemblant.
Le balancier gouailleur dans le bas se démène.

C’est l’ironie auprès de la candeur germaine ;
Mais ces tic-tac n’ont rien de dur ni de méchant.
On dirait des amis indiscrets et tâchant
De distraire quand même avec étourderie
Ma pensée ou parfois saigne la rêverie.

Doux génie allemand ! qui s’obstine à sculpter
Pour la vie où le temps passe, bon à compter,
Ces horloges de bois, blanches et primitives,
Qui ne peuvent sonner que des heures naïves.

Albert Mérat

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