Les fenêtres fleuries

Albert Mérat
par Albert Mérat
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A Catulle mendès.

Les Parisiens, entendus
Aux riens charmants plus qu’au bienêtre,
Se font des jardins suspendus
D’un simple rebord de fenêtre,

On peut voir en toute saison
Des fils de fer formant treillage
Faire une fête à la maison
De quelques bribes de feuillage.

Dès qu’il a fait froid, leurs couleurs
Ne sont plus que mélancolie ;
Mais cette habitude des fleurs
Est parisienne et jolie.

Ainsi, tout en haut, sous les toits,
L’enfant aux paupières gonflées,
Qui coud en se piquant les doigts,
A près d’elle des giroflées.

Quelquefois même, et c’est charmant
Sur la tête de la petite,
On voit luire distinctement
Des étoiles de clématite.

Aux étages moins près du ciel,
C’est très souvent la même chose
Un printemps artificiel
Fait d’un oeillet et d’une rose.

Dans un pot muni d’un tuteur,
Où tiennent juste les racines,
Un semis de pois de senteur
Laisse grimper des capucines.

Les autres quartiers de Paris
Ont des fleurs comme les banlieues
C’est que le ciel est souvent gris,
Et qu’elles sont rouges et bleues.

C’est qu’on trouve un charme, en effet,
A ce fantôme de nature,
Et que le vrai sage se fait
Des bonheurs en miniature.

Albert Mérat

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