Les mains
Blanches, ayant la chair délicate des fleurs,
On ne peut pas savoir que les mains sont cruelles.
Pourtant l’âme se sèche et se flétrit par elles ;
Elles touchent nos yeux pour en tirer des pleurs.
Le lait pur et la nacre ont formé leurs couleurs ;
Un peu de rose fait qu’elles semblent plus belles.
Les veines, réseau fin de bleuâtres dentelles,
En viennent affleurer les plastiques pâleurs.
Si frêles ! qui pourrait redouter leurs caresses ?
Les mains, filets d’amour que tendent les maîtresses,
Prennent notre pensée et prennent notre cœur.
Leur claire beauté ment et leurs chaînes sont sûres ;
Et ma fierté subit, ainsi qu’un mal vainqueur,
Les mains, les douces mains qui nous font des blessures.