L’hercule
En plein air, sur l’estrade en planches de bois blanc,
Aux sons du cuivre aigu faussant les ritournelles,
Pendant que les buveurs trinquent sous les tonnelles,
L’hercule fait saillir les muscles de son flanc.
Ses deux bras sont croisés dans le geste indolent
D’un athlète certain de ses splendeurs charnelles ;
Le regard sans rayons qui fixe ses prunelles
Vers la foule parfois s’abaisse, fier et lent.
Sa tête, qu’un front bas et sans rides déprime,
N’a pas l’amer souci de l’idée, et n’exprime
Que la félicité d’un grand lion dispos.
Pourtant, malgré la douce extase de la gloire,
Dans l’orgueil souverain de son large repos,
Cet homme-là n’est pas heureux : il voudrait boire.