Chanson violette

Albert Samain
par Albert Samain
0 vues
0.0

Et ce soir-là, je ne sais,
Ma douce, à quoi tu pensais,
Toute triste,
Et voilée en ta pâleur,
Au bord de l’étang couleur
D’améthyste.

Tes yeux ne me voyaient point ;
Ils étaient enfuis loin, loin
De la terre ;
Et je sentais, malgré toi,
Que tu marchais près de moi,
Solitaire.

Le bois était triste aussi,
Et du feuillage obscurci,
Goutte à goutte,
La tristesse de la nuit,
Dans nos cœurs noyés d’ennui,
Tombait toute…

Dans la brume un cor sonna ;
Ton âme alors frissonna,
Et, sans crise,
Ton cœur défaillit, mourant,
Comme un flacon odorant
Qui se brise.

Et, lentement, de tes yeux
De grands pleurs silencieux,
Taciturnes,
Tombèrent comme le flot
Qui tombe, éternel sanglot,
Dans les urnes.

Nous revînmes à pas lents.
Les crapauds chantaient, dolents,
Sous l’eau morte ;
Et j’avais le cœur en deuil
En t’embrassant sur le seuil
De ta porte.

Depuis, je n’ai point cherché
Le secret encor caché
De ta peine…
Il est des soirs de rancœur
Où la fontaine du cœur
Est si pleine !

Fleur sauvage entre les fleurs,
Va, garde au fond de tes pleurs
Ton mystère ;
Il faut au lis de l’amour
L’eau des yeux pour vivre un jour
Sur la terre.

Albert Samain

Qu’en pensez-vous ?

Partagez votre ressenti pour Albert Samain

Noter cette création
1 Étoile2 Étoiles3 Étoiles4 Étoiles5 Étoiles Aucune note
Commenter

Votre plume est l'épée de l'émotion. Partagez vos coups de génie avec nous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Nouveau sur LaPoesie.org ?

Première fois sur LaPoesie.org ?


Rejoignez le plus grand groupe d’écriture de poésie en ligne, améliorez votre art, créez une base de fans et découvrez la meilleure poésie de notre génération.