Les vierges au crépuscule
— Naïs, je ne vois plus la couleur de tes bagues…
— Lydé, je ne vois plus les cygnes sur les vagues…
— Naïs, n’entends-tu pas la flûte des bergers ?
— Lydé, ne sens-tu pas l’odeur des orangers ?
— D’où vient qu’en moi, Naïs, monte un frisson amer
À regarder mourir le soleil sur la mer ?
— D’où vient ainsi, Lydé, qu’en frémissant j’écoute
Le bruit lointain des chars qui rentrent sur la route ?
Et Naïs et Lydé, les vierges de quinze ans,
Seules sur la terrasse aux parfums épuisants,
Sentent leur cœur trop lourd fondre en larmes obscures
Et, sous leurs fronts penchés mêlant leurs chevelures,
D’une étreinte où la bouche à la bouche s’unit,
Sanglotent doucement dans le soir infini…