Nuit blanche
Sonnet.
Cette nuit, tu prendras soin que dans chaque vase
Frissonne, humide encore, une gerbe de fleurs.
Nul flambeau dans la chambre — où tes chères pâleurs
Se noieront comme un rêve en des vapeurs de gaze.
Pour respirer tous nos bonheurs avec emphase,
Sur le piano triste, où trembleront des pleurs,
Tes mains feront chanter d’angéliques douleurs
Et je t’écouterai, silencieux d’extase.
Tels nous nous aimerons, sévères et muets.
Seul, un baiser parfois sur tes ongles fluets
Sera la goutte d’eau qui déborde des urnes,
Ô Soeur ! et dans le ciel de notre pureté
Le virginal Désir des amours taciturnes
Montera lentement comme un astre argenté.