À Madame N. Menessier
Madame, il est heureux, celui dont la pensée
(Qu’elle fût de plaisir, de douleur ou d’amour)
A pu servir de sœur à la vôtre un seul jour.
Son âme dans votre âme un instant est passée ;
Le rêve de son cœur un soir s’est arrêté,
Ainsi qu’un pèlerin, sur le seuil enchanté
Du merveilleux palais tout peuplé de féeries
Où dans leurs voiles blancs dorment vos rêveries.
Qu’importe que bientôt, pour un autre oublié,
De vos lèvres de pourpre il se soit envolé
Comme l’oiseau léger s’envole après l’orage ?
Lorsqu’il a repassé le seuil mystérieux,
Vos lèvres l’ont doré, dans leur divin langage,
D’un sourire mélodieux.