Dans les parcs

Alphonse Beauregard
par Alphonse Beauregard
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Tant que dans les places publiques
Les bancs remplissent leur devoir
D’hôtels sans frais ni domestiques,
Des gueux oisifs y viennent choir.

Vieillards qu’a rejetés l’usine.
Blêmes journaliers surmenés,
Types d’incertaine origine,
Anciens richards et pauvres nés,

Ils restent là pendant des heures,
Mornes, le menton dans la main,
Sans remarquer qui les effleure
Ni sourire aux jeux des gamins.

L’un pense à sa femme malade,
L’autre à ses garnements de fils ;
Un tel revoit ses bambochades,
Celui-là ses plans déconfits.

À tous leurs bras sont inutiles,
Le travail manque, et l’avenir
S’annonce encor plus difficile.
Bientôt qui voudra les nourrir ?

Les gueux dix fois, cent fois de suite
Font de leur vie un relevé
Et calculent sa réussite,
Tel guignon ne fut arrivé.

Puis d’un pas de traînards d’armée,
Demi-résignés, engourdis,
Leur dernière pipe fumée,
Ils gagnent Dieu sait quels logis.

Alphonse Beauregard

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