Le val
Je connais, dans les Apalaches,
Un val séduisant qui se cache
Comme un rêve ingénu ;
Un val aux pentes fantaisistes
Où se promène, dans les schistes,
Un ruisseau bienvenu.
Quand, brusquement, on le découvre
C’est un avenir clair qui s’ouvre,
Un sourire enjôleur
À quoi l’âme n’était pas prête,
On subit le charme, on s’arrête
À l’offre de bonheur.
Ici qu’il serait doux de vivre !
On s’imagine avec un livre,
Assis sous un pommier.
On a maison, femme et bagage…
Mais on pense au but du voyage,
Aux tracas coutumiers.
Les yeux ravis on part, on gagne
Le grand chemin ou la montagne ;
Au val on dit adieu,
Plein du pressentiment morose
D’abandonner, parce qu’on n’ose,
Un destin radieux.