La mer
Viens ! ô viens avec moi sur la mer azurée ;
Qu’aux vents capricieux ma barque soit livrée.
Tu seras ma compagne, alors que le soleil
Colore l’Océan de son éclat vermeil,
Ou lorsque, s’échappant de la nue orageuse,
La neige au sein des flots tombe silencieuse.
Que nous font des saisons les changements divers !
La flamme qui nous luit ne connaît point d’hivers.
Ah ! qu’importe le sort si ta main caressante
S’appuie au gouvernail de ma nef inconstante !
Si nous sommes unis, si l’amour suit nos pas,
La vie est près de toi, la mort où tu n’es pas.
Viens ! ô viens avec moi sur la mer azurée ;
Qu’aux vents capricieux ma barque soit livrée,
Oublions des saisons les changements divers :
La flamme qui nous luit ne connaît point d’hivers.
Crois-moi, fuyons la terre et ses brillantes chaînes,
L’Océan fût créé pour les âmes hautaines ;
Confions-nous sans crainte à son sein indompté,
Refuge de l’amour et de la liberté.
Là, point d’œil curieux, point de langues traîtresses
N’oseront épier ou blâmer nos caresses :
Nous n’aurons pour témoin qu’un ciel propice et doux
Qui semble s’abaisser entre le monde et nous.
Viens ! ô viens avec moi sur la mer azurée,
Qu’aux vents capricieux ma barque soit livrée ;
Oublions des saisons les changements divers :
La flamme qui nous luit ne connaît point d’hivers.