Le printemps
Viens, charmante saison, jeunesse de l’année,
Viens animer encore le luth des Troubadours,
Des fleurs que tu fais naître accours environnée,
Elles seront le prix de nos chansons d’amours.
Voici venir le jour où la Reine des anges,
Seule, au pied de la croix, répandit tant de pleurs,
Qu’elle entende aujourd’hui l’hymne de nos louanges
Redire aux saints autels ses sublimes douleurs.
Cité de mes aïeux, Toulouse tant chérie,
Sois à jamais l’orgueil, l’amour de tes enfants ;
Qu’ils trouvent dans les murs de leur belle patrie
Le sujet et le prix de leurs nobles accents !
Poètes orgueilleux, caressez l’espérance
De laisser après vous un renom immortel ;
Le mien s’éteindra vite ; et le nom de Clémence
Ne sera point connu du jeune Ménestrel.
La rose du matin le soir jonche la terre ;
Avec indifférence on la voit se flétrir ;
Et le vent de la nuit, de son aile légère,
Disperse dans les airs son dernier souvenir.