La fille du doge
Si le doge est son père, ou si c’est quelque autre homme,
C’est ce dont, pour ma part, je m’inquiète peu.
Dès qu’elle a pris naissance, il n’importe en quel lieu,
Que ce soit à Venise, ou dans Naples, ou dans Rome.
Elle est belle, voilà l’intéressant, en somme.
Vivante, elle serait un chef-d’œuvre de Dieu,
Et chacun devant elle, empli d’un soudain feu,
Voudrait comme à Vénus lui décerner la pomme.
Certes, ce ne sont pas ses perles, ses joyaux,
Ses tissus de brocart, ses vêtement; royaux,
Qui frappent l’œil tandis qu’elle se déshabille ;
C’est son bras virginal, son corps d’un blanc de lait,
Son beau petit pied nu, son buste rondelet,
Sa grâce de naïve et douce jeune tille.