Elle a des yeux d’acier
Sonnet.
Elle a des yeux d’acier ; ses cheveux noirs et lourds
Ont le lustre azuré des plumes d’hirondelle ;
Blanche à force de nuit amassée autour d’elle,
Elle erre sur les monts et dans les carrefours.
Et nocturne, elle emporte à travers les cieux sourds,
Dans le champ sépulcral où fleurit l’asphodèle,
La pâle jeune fille idéale, et fidèle
À quelque rêve altier d’impossibles amours.
Vierge, elle aime le sang des vierges ; et, farouche,
Elle entr’ouvre la fleur funèbre de sa bouche
Et d’un sourire froid éclaire ses pâleurs,
Lorsque, prête à subir une peine inconnue,
La victime aux cheveux de miel chargés de fleurs,
Mourante et les yeux blancs, offre sa gorge nue.