La perdrix
Sonnet.
Hélas ! celle qui, jeune en la belle saison,
Causa dans les blés verts une ardente querelle
Et suivit le vainqueur ensanglanté pour elle,
La compagne au bon cœur qui bâtit la maison
Et nourrit les petits aux jours de la moisson,
Vois : les chiens ont forcé sa retraite infidèle.
C’est en vain qu’elle fuit dans l’air à tire-d’aile,
Le plomb fait dans sa chair passer le grand frisson.
Son sang pur de couveuse à la chaleur divine
Sur son corps déchiré mouille sa plume fine.
Elle tournoie et tombe entre les joncs épais.
Dans les joncs, à l’abri de l’épagneul qui flaire,
Triste, s’enveloppant de silence et de paix,
Ayant fini d’aimer, elle meurt sans colère.