écoute au coquillage
Je n’avais pas commencé à te voir tu étais aube
Rien n’était dévoilé
Toutes les barques se berçaient sur le rivage
Dénouant les faveurs (tu sais) de ces boites de dragées
Roses et blanches entre lesquelles ambule une navette
d’argent
Et moi je t’ai nommée
Aube en tremblant
Dix ans après
Je te retrouve dans la fleur tropicale
Qui s’ouvre à minuit
Un seul cristal de neige qui déborderait la coupe de
tes deux mains
On l’appelle à la
Martinique la fleur du bal
Elle et toi vous vous partagez le mystère de l’existence
Le premier grain de rosée devançant de loin tous les
autres follement irisé contenant tout
Je vois ce qui m’est caché à tout jamais
Quand tu dors dans la clairière de ton bras sous les papillons de tes cheveux
Et quand tu renais du phénix de ta source
Dans la menthe de la mémoire
De la moire énigmatique de la ressemblance dans un
miroir sans fond
Tirant l’épingle de ce qu’on ne verra qu’une fois
Dans mon cœur toutes les ailes du milkweed
Frètent ce que tu me dis
Tu portes une robe d’été que tu ne te connais pas
Presque immatérielle elle est constellée en tous sens
d’aimants en fer à cheval d’un beau rouge minium
à pieds bleus
Sur mer, 1946.