À Auguste Pointelin
Dans un siècle de fer, de houille et de vapeur,
La vie est rude, hélas ! pour le paysagiste.
Si la gloire est souvent un mirage trompeur,
La foi ne s’éteint pas dans un vrai cœur d’artiste.
Par toutes les saisons et sur tous les chemins,
Avec tes gros souliers à semelles ferrées,
Tu t’en vas, sac au dos, loin des regards humains,
Voir s’éveiller les fleurs des berges ignorées.
Sur les coteaux pierreux, sous les joncs des marais,
Tu sais vivre au grand air de la franche nature,
Et, dans le demi-jour des antiques forêts,
De magiques lueurs éclairent ta peinture.
Libre comme l’oiseau, sans t’égarer trop loin,
Ainsi que Bonington, Constable et le vieux Crôme,
Tu fais un champ de blé, de trèfle ou de sainfoin,
Une mare qui dort, un simple toit de chaume ;
Et si Jacques Ruisdael, le maître d’autrefois,
Au soleil des vivants se réchauffait encore,
Son regard aimerait les grands ciels que tu vois
Dans le calme des soirs et les réveils d’aurore.