À Victor Hugo
Ô grand charmeur du siècle et des peuples nouveaux,
Pourquoi te reléguer dans ces pâles ténèbres,
Sous l’oblique faux jour de ces étroits caveaux,
Pour les morts d’autrefois classiquement funèbres ?
Pourquoi donc t’exiler dans ce froid Panthéon ?
Sur la montagne chauve on ne passe plus guère :
Sans l’aveugle jouant d’un vieil accordéon,
On se croirait encore au temps de Frédégaire.
C’était sur les hauteurs, dans la chaude clarté,
Où se croise à grande aile un vol d’oiseaux célestes,
Sous cet arc triomphal que ta lyre a chanté,
Qu’il fallait au soleil ensevelir tes restes.
Là nous avons inscrit des souvenirs vainqueurs,
En vif et haut relief imagés dans la pierre,
Attirant tous les yeux, tous les bras, tous les cœurs,
Dans le rayonnement d’une ardente lumière.
Nos soldats de l’Escaut, de la Meuse et du Rhin,
Fils de la République et du premier Empire,
À l’aurore du siècle, et d’un pas souverain,
Annoncent en chantant qu’un grand peuple respire.
Là tu serais du moins visible à tous les yeux…
Tous ceux qu’a réveillés ta parole féconde
Salueraient en passant le défunt glorieux
Qui de son puissant verbe a remué le monde.