Crépuscule d’hiver
À Madame François Wells.
En se couchant au fond de la grande avenue,
Le soleil disparaît dans un ciel pourpre et noir ;
Et, de la tête aux pieds, la haute forêt nue
Profondément tressaille au premier vent du soir.
Déjà tout est bien mort : plus une feuille aux branches,
Plus un chant dans les bois, plus un vol dans les airs ;
Seul, le gui parasite avec ses perles blanches
Jette un peu de verdure autour des nids déserts.
Le bûcheron se dit que l’hiver sera rude.
Il regagne à pas lents son gîte pour la nuit.
Le silence envahit la froide solitude…
Mais un dernier écho parfois répand son bruit.
Un bruit vague, un bruit sourd, montant des marécages…
Quelle est donc cette grave et lointaine rumeur ?
Ce sont de grands troupeaux qui rentrent des pacages,
Saluant d’un adieu triste le jour qui meurt.