Échos forestiers
À Léonce Bénédite.
Dans ma vieille forêt, au canton des fougères,
Sur un chêne tombé je m’arrête souvent ;
Le regard se complaît à ces frondes légères
Dont la pâle verdure oscille au moindre vent.
Sous le grand éventail dentelé de leurs palmes,
S’abritent des soleils le cerf et le chevreuil,
Dans le creux des ravins, si profondément calmes
Qu’on entend crisser l’arbre où grimpe un écureuil.
Ces beaux arbres touffus plantés par nos ancêtres,
Aux deux pentes du val jusqu’en haut s’étageant,
Ont trois siècles au moins, groupes de larges hêtres
Aux longs fûts d’un seul jet gris de perle ou d’argent.
Un ruisselet jaseur sous les buissons de mûres
Étonne un loriot caché dans les taillis,
Qui, bercé dans son nid, aux fourches des ramures,
Répond en voix de flûte à son clair gazouillis.
Et mon cœur se ravive à de fraîches pensées
Lorsque, de loin, je vois discrètement venir
Un couple de vingt ans, les mains entrelacées,
Rêvant d’un amour pur qui ne doit pas finir.