Fleurs d’avril
À André Theuriet.
Le bouvreuil a sifflé dans l’aubépine blanche ;
Les ramiers, deux à deux, ont au loin roucoulé,
Et les petits muguets, qui sous bois ont perlé,
Embaument les ravins où bleuit la pervenche.
Sous les vieux hêtres verts, dans un frais demi-jour,
Les heureux de vingt ans, les mains entrelacées,
Echangent, tout rêveurs, des trésors de pensées
Dans un mystérieux et long baiser d’amour.
Les beaux enfants naïfs, trop ingénus encore
Pour comprendre la vie et ses enchantements,
Sont émus en plein cœur de chauds pressentiments,
Comme aux rayons d’avril les fleurs avant d’éclore.
Et l’homme ancien qui songe aux printemps d’autrefois,
Oubliant pour un jour le nombre des années,
Ecoute la voix d’or des heures fortunées
Et va silencieux en pleurant sous les bois.