Alap
Un son
juste un son
qui se voulait à l’essai
qui est déjà note et résonance
cible et cercles d’air
cœur minuscule dérivant
dans le halo du sang
dans le flot du mystère
dans le tempo de l’instant,
son à peine
question
ou appel
son qui cherche
et coïncide
et dit une voie possible
sous l’effroi du silence,
son sans effraction
mais qui franchit
escalade
foudroie
comme une offrande
un scrupule
une sommation,
son d’alerte
source de sable
qui module un manque
une blessure
une eau tragique ou trop pure
une eau en mal
de transparence ou d’éclair
de nuit laissée à l’agonie,
son devenu autre
en englobant
en engloutissant
en engendrant de l’être
et du fragile,
son de suite
et ainsi de son
et ainsi de soi
qui est
et n’est plus là
en tant que soi
mais autant qu’il s’accorde
à l’écho du dedans
à l’écart où se lient
et les doigts et les lèvres
les prières les songes les cris incertains
une lueur volatile
un masque qui s’éteint
un peu d’aube à midi
un peu d’ombre dans les noces,
c’est l’ampleur qui s’en vient
inverser le regard
le tourner plus profond que soi
vers le sans-lieu
le sans-nom
vers ce qui n’appartient pas
n’appauvrit pas
n’apparente pas
mais donne au corps
sa ferveur d’outre fièvre
son étiage absolu
de feu migrateur
d’or dilapidé
de syllabes en poussière,
c’est l’ampleur qui s’en vient
déborder les escales
l’attente ou l’avenir…
Tout le sens s’est fait souffle
houle et renaissance
il n’y a plus
qu’une âme qui improvise
son espace,
juste un son juste un son.