Amnésique
je me souviens de cet oubli comme d’un poignard brisé en travers de la gorge
silence, avais-tu dit il n’en est rien resté qu’une buée de sable
au pied de l’Arbre
Sec campent ceux qui ont perdu tous les autres repères
Damas,
Hérat ou
Samarkand une ronde de poussière sous le chemin des étoiles
offrande sans fin au désert du ciel aucune solitude n’est assez vaste pour effacer la blessure
l’infini s’égare aussi dans des ronces factices écorché vif, avais-tu dit
ce n’était pas un appel de détresse plutôt un remuement d’énigmes le chant qu’écoutent les sirènes
et les voilà qui s’échouent sur les plages soudain changées en reines mendiantes avec leurs cheveux d’algues
comme échappées du sel des songes j’ai cessé de les voir et les ai dépouillées
le secret a blanchi, soleil rendu à son secret ou à son cœur absent
en un instant la terre est vide délivrée des hantises à un ou deux mots près
nom souverain, syllabes cerclées
d’un bruit de forge
rumeur au goût de cendres rouges
échos d’une voix qui s’est tue la langue des tombeaux semble de coriace agonie
il n’y a rien qui vaille de forcer vaille que vaille la porte ouverte de l’aube
je me souviens de cet oubli