Celle qui passe comme une ombre
ne rien dire en vérité que vous n’entendiez déjà dans l’obscur de vos nuits
frisson par-delà l’horizon d’une passante périssable des âges noirs, des âges d’or
ainsi la bouche sur une ombre muette
baise le dos du vide,
la parure égarée d’une vague déesse
en ce sabbat de silence on jette du sable au désert et du feu dans les flammes
l’aurore est une entrée en perdition où d’heure en heure s’efface la créance des hommes
personne à qui tendre la clé
non plus que la corde,
le grenier s’ouvre à tous les vents
la cime du jour sombre dans un puits sous la mémoire de la terre, un reflet cherche la sortie
ô source recluse, hypothèse d’après et d’avant la chute toujours élucidée par une arme d’eau vive
lumière, tu es celle qui passe comme une ombre
entre récolte et famine
avec sur l’épaule une jarre brisée
tes pas te mènent à la naissante agonie
de l’éphémère qui dure
autant que le mouvement des choses
il n’est question que de pouvoir déserter la vie dans un flux de poussière et de sel en prélude aux grands sacrifices”
le temps devient divertissement d’attente quand les dieux sommeillent sur une idée contraire
et l’on improvise loin du cœur
et l’on meurt infiniment
du mal des magiciens à la langue coupée
l’espace de nos cris
tient au creux de la gorge
où le souffle a vacillé
ne rien dire en vérité