En vue soudain
Toi qui n’as pas régné sur Bactres
ni le cœur de Roxane,
toi qui n’as pas vu miroiter les enfers
au-delà de l’Amou Daria,
toi qui n’es pas mort d’une piqûre de rose
à l’ombre des jardins de Babylone,
tu ne crains pas d’essuyer sur ton front
une poussière d’épopée
avec dans le sang le désir féroce
de trouer la peau de chagrin de ce monde.
Vois comme tes paroles,
débordantes parfois ironiques toujours,
n’entendent pas désespérer Nichapour
ni les rêves levés au Cabaret de l’éphémère,
elles gardent en elles cette ivresse étemelle,
ce grand remuement d’âmes
dans la danse des atomes et des âges
qui ne promet rien ou peut-être rien
que la migration à nouveau jusqu’à toi
d’un seul et même corps de lumière.
Pour qui a voyagé couvert du manteau bleu des fées,
pour qui a compté les étoiles
aux ciels de bouches trop joyeuses,
pour qui a reconnu le soleil et l’été
jusqu’en la cendre enclose,
il n’est de passage qu’aux horizons perdus
aux cimes hors d’atteinte
où le souffle s’exténue et renaît
en vue soudain de quoi…
-Allons, est-ce encore
l’absolu ?
– En as-tu encore
la force ?